Sunsud en pratique

Le travail d’inclusion sociale

Personne n’est obligé de participer au projet de partage d’électricité solaire. Les locataires ont le choix de s’inscrire eux-mêmes. Cette liberté, que nous défendons, implique autant des risques que des opportunités importantes à saisir.
Par le projet SunSud, nous avons observé qu’il y a un risque que l’électricité locale, verte et bon marché n’arrive pas jusqu’aux locataires qui en ont le plus besoin, malgré la possibilité de participer au projet de partage d’énergie. Nous décrivons ici quelles sont les causes observées lors du projet SunSud et comment nous y avons fait face.

En très bref :
En déployant une approche collective et collaborative qui commence par la rencontre et l’écoute, qui passe par un parcours d’apprentissages adaptés, un noyau de locataires a réussi de s’approprier les questions énergétiques et du partage et d’acquérir des compétences d’organisation, de discussion et de prise de décision. Cela a permis de monter un projet de partage « sur mesure » des besoins et aspirations et de le rendre profondément inclusif et social.

Liste de barrières d’accès au projet de partage :

1. Méfiance
L’offre d’énergie solaire bon marché à travers le projet de partage est souvent perçue comme étant too good to be true. De plus, elle nécessite une démarche administrative complexe et elle implique de fonctionner avec des technologies méconnues (panneaux PV, compteurs intelligents, …)

Éléments qui suscitent la méfiance

  • Les locataires sociaux se font souvent démarcher pour des contrats d’énergie inadaptés. Ils ont appris à refuser aux colporteurs des contrats d’énergie bon marché qui leur ont souvent déjà causé des problèmes, (ex : perdre son tarif social)
  • La complexité administrative :
    Ex: “Deux factures et quand même des avantages?”
    La méconnaissance des (nouvelles) technologies
    Ex: “Attention les panneaux solaires représentent un risque d’incendies.”
    “Il vont tirer des câbles par mon appartement, je ne veux pas ça.”
  • La notion floue du mot “partage”
    Ex: “On ne va pas payer pour les autres, quand-même !?”
  • Le producteur de l’électricité solaire qui propose de participer au partage est également le propriétaire, avec qui la relation est parfois tendue
    Ex: “Attention, ils vont récupérer les coûts de l’installation en augmentant notre loyer !”

2. Adopter une posture (pro)active

Les personnes qu’on demande de s’inscrire au partage, sont dans une grande partie des cas déjà beaucoup préoccupées par les problèmes de santé, administratifs et financiers (pour ne pas parler de leur charge de travail). Elles sont donc souvent peu enclines à réagir/à s’engager dans les projets qu’elles ne comprennent pas immédiatement (les notions de partage de l’énergie et y participer est quelque peu complexe).

De plus, ces personnes ont souvent adopté une posture plutôt passive (aide/contrôle par le CPAS, les assistants sociaux, la médiation de dettes, …).

Se réapproprier le rôle de citoyen actif est souvent très éloigné de la réalité quotidienne des locataires sociaux.

Ce public n’a pas l’habitude de (se) faire confiance, d’apprendre, de gérer… Il est donc primordial de prendre le temps nécessaire pour développer une approche spécifique, sur mesure afin de les amener, à utiliser leur POUVOIR D’AGIR sur le climat, et à se positionner comme acteurs et non comme les proies de démarcheurs en tous genres.

3. Changement de comportements

Même lorsque l’on est inscrit au partage, il y a toujours le risque ne pas profiter pleinement des avantages de l’énergie solaire. Il faut comprendre qu’il est nécessaire d’adapter ses usages

  • La prise de conscience des consommations domestiques et des enjeux de l’intermittence de la production d’énergie renouvelable,
  • La déconstruction des habitudes (ex : Utiliser ses appareils électro-ménagers lorsque le soleil brille et pas la nuit comme c’était le cas avec le compteur bi-horaire).

Stratégies et outils pour surmonter les barrières:

1. Personnes “neutres” ou de confiance qui vont à la rencontre des voisins pour leur parler de la possibilité du partage et pour écouter ce qu’ils en pensent (s’inspirer mutuellement)

SunSud:

  • Personne mandatée externe au propriétaire qui s’imprègne de la réalité de terrain et qui crée des relations personnelles (horizontales, équitables, de confiance), afin de planter la graine de l’idée du projet.
    • Figures clés du quartier – tissu associatif à intégrer… (recherche de potentiels “alliés”) ?,
    • Réaction des habitants envers les PV ? (prise de conscience des éventuels obstacles et freins),
    • Répertorier les sujets qui interpellent et qui aident à construire un programme d’ateliers à proposer.
  • Constitution d’un noyau d’habitants prêts à devenir “ambassadeurs” de l’idée de projet envers leurs voisins
  • Ambassadeurs qui font du porte à porte avec des photos de l’installation solaire, un dessin qui illustre le propos de partage ET une boîte à questions pour alimenter le contenu des ateliers de compréhension, d’apprentissage et des réunions de cocréation à proposer par la suite

2. Impliquer les locataires concernés dès le départ et les mettre au centre du montage de projet

SunSud:

Ce n’est qu’en discutant entre voisins qu’il a été possible de surmonter la méfiance (« c’est vraiment une bonne proposition cette fois-ci ») et de comprendre le propos du projet de partage; voir invitation aux micro-rencontres

3. Inviter à des sessions d’information “sur mesure”, càd répondant aux réactions récoltées (questions, obstacles, besoins, envies)
SunSud:

4. Impliquer les locataires dans les choix qui donnent forme au projet de partage: choix de la clé de répartition, nom du projet de partage, forme et fréquence de la facturation, modalités d’inscription et de sortie

Sunsud:

5. Développer les outils d’information et de feedback en co-écriture avec les locataires (dépasser le jargon et les formulations trop complexes)

SunSud:

  • Fascicule d’info du projet, co-écrit par et adressé aux (nouveaux) locataires,
  • Bulletin mensuel de production et d’usages (collectif et individuel) de l’électricité solaire, … Comment avoir des retours compréhensibles sur ses comportements et usages ET sur la production de panneaux, mois par mois.
  • Forme et contenu de la facture annuelle… qui permet de comprendre ce qu’on paie, pourquoi on paie, et quelles économies on réalise.

6. Ancrer le rôle des locataires dans le projet et structurer leur relation de collaboration avec le propriétaire

SunSud:

7. Mettre en place un espace qui permet au public cible de passer du statut de “demandeur d’aide” à celui d’acteur (avec tout le capital social acquit : confiance en soi et aux autres, acquérir des compétences, connaître ses voisins, travailler ensemble, contribuer à quelque chose d’utile à la communauté, …)

Syllabus SunSud montage du projet – écoute et apprendissage

Outils à transmettre

Écoute/inspiration,
1. Dessin qui évoque le partage et son impact (inspirer les locataires)

2. Boite à Questions (s’inspirer de la réalité des locataires)

Montage de projet de partage,
3. Illustrations “c’est quoi le partage d’énergie
4. Jeu de boules pour visualiser le fonctionnement et l’impact de différentes clés de répartition

5. Jeu de prise de décision sans vote pour la clé de répartition
6. Scénario d’ateliers d’apprentissage et de montage de projet de partage

Communication & monitoring,
7. Fascicule d’info du projet, co-écrit par et adressé aux (nouveaux) locataires,
8. Bulletin mensuel de production et d’usage (collectif et individuel) de l’électricité solaire, co-écrit par les locataires,
9. Forme et contenus de la facture annuelle, co-écrit par les locataires.

Gestion & gouvernance
10. Brochure “gestion et gouvernance SunSud” + organigramme
11. Résumé « vulgarisé » de la convention de participation au partage (convention producteur-consommateur)